dimanche 18 mai 2014

Vous avez dit DLC ?

Le respect des Dates Limites de Consommation est remis en question. Un article sur Capital.fr en mai 2013; un article dans Que Choisir en mai 2014, un reportage en préparation sur France 5... La question est posée : les DLC courtes sont-elles responsables d'une partie du gaspillage alimentaire ?

La réponse n'est pas facile. Bien entendu, les fabricants et la grande distribution ont un avantage objectif à ce que les consommateurs mettent à la poubelle des produits qu'ils n'ont pas consommé. Mais les DLC ont un objectif tout autre : celui de la protection de la santé de ces consommateurs.

Lorsqu'un industriel fixe une DLC, il est tiré par plusieurs intérêts :
  • le commercial souhaite les DLC les plus longues possibles, ça facilite les prises de commandes et ça rassure son cllient,
  • le client distributeur souhaite de toutes façons lui aussi des DLC les plus longues possibles, ça facilite sa gestion de stocks, et ça lui évite de retirer des rayons une quantité trop importante de produits approchant de la DLC,
  • le marketing en revanche souhaite des DLC assez courtes, pour pouvoir faire vivre sa marque. Il n'est pas facile de synchroniser une action promotionnelle, ou un changement de graphisme, si on peut retrouver sur les linéaires les deux versions pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois,
  • la qualité, ou la R&D enfin, souhaite la DLC la plus courte possible, afin de ne pas avoir à subir ensuite des reproches si un produit s'avère impropre à la consommation.
Qui dit impropre à la consommation ne dit pas systématiquement que le consommateur va se retrouver à l'hôpital ! Mais qui a un jour senti l'odeur d'une viande avariée en la sortant de son emballage sait reconnaître un produit impropre à la consommation...

Alors on se met d'accord sur une DLC "raisonnable", ni trop courte, ni trop longue. Et tout le monde croise les doigts pour que la chaine du froid soit respectée. Car tout l'enjeu est là. Les micro-organismes (bactéries essentiellement) vont se développer tout au long de la durée de vie du produit. Et si le produit est maintenu à température basse, alors on n'atteindra jamais le niveau auquel la santé du consommateur est mise en jeu. Mais si la température remonte, si elle dépasse les 3 °C, alors la croissance s'accélère, et de manière exponentielle. Et le consommateur risque sa santé. Et l'image du fabricant en prend un coup.

Ce matin, un dimanche, je suis allé acheter de la moutarde et une ampoule dans un supermarché à proximité de chez moi. En entrant, il y avait un bruit de perceuse électrique assez étrange. En m'approchant, j'ai constaté qu'il s'agissait du râle d'agonie du compresseur d'une armoire réfrigérée, remplie de produits bio (dont du jambon). L'alarme bipait, l'affichage annonçait un 15,6 °C de très mauvais aloi.
Je suis allé voir le vendeur du rayon traiteur, pour lui demander de vider l'armoire. C'était un étudiant apeuré, qui ne m'a pas répondu. Je suis allé voir la responsable du magasin, qui avait plus urgent à faire que m'écouter. J'ai fait la queue, j'ai payé, et je suis retourné la voir. Quand je lui ai dit que son frigo était en panne, elle m'a répondu "oui, j'ai appelé hier, j'ai rappelé ce matin, ils m'ont dit que c'était bon". "Mais la température est au-dessus de 15 °C ?" "Ah non, je suis allé voir, c'est bon." J'ai quitté le magasin. Les produits ont-ils été mis à la benne ? Mystère...

Je n'incrimine personne, je ne veux pas de mal à cette dame. Mais j'en veux à l'enseigne, qui ne s'assure pas des compétences, de la formation, des réflexes de ses collaborateurs. Le système est ici en défaut.

Sacrément en défaut...

H

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